HISTOIRES

Ces histoires sont issues de ma mémoire, de celle de ma mère , Marjanna,  et de celle de ma grand-mère, Lucie (décédées toutes deux) ainsi que de lettres privées écrites par "Mickey"et de lettres officielles écrites par "Gavarni " et "Mickey".

Mon père, Georges, en parlait parfois avec ses amis de la résistance (notamment avec Paul Guiral dit "Gavarni" ou "Daumier"). Elles se sont gravées dans la mémoire de l'enfant que j'étais à cette époque et peuvent être sujettes à des approximations; elles sont dans tous les cas issues de faits authentiques et incontestables, souvent attestées par des documents d'époque.
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" Alors que je roulais à vélo le long du canal qui va de Verlhaguet à Montech, je passai à coté d'un bois et des traces bizarres attirèrent mon attention; je posai mon vélo et entrai dans le bois ou je vis, tout près de la lisière, plusieurs endroits ou la terre avait été remuée.
Je compris qu'un drame s'était récemment déroulé à cet endroit et prévins mes chefs ; On découvrit, plus tard, les corps de deux jeunes gens assassinés par les allemands."
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"Un jour que je rentrais à l'écluse de Verlhaguet, (où vivait ma grand-mère Joséphine) alors que la nuit tombait et après le couvre- feu, j'entendis parler allemand, assez loin devant moi, sur le chemin qui longeait le canal.
M..., la patrouille!!! pourtant des amis m'avaient assuré qu'il s ne passeraient pas par là ce soir... et je transportais des documents!
Je n'eus que le temps de me jeter, avec mon vélo, dans le fossé qui longe cette route et qui était à moitié rempli d'eau; on était au printemps et il ne faisait pas chaud.
Les deux soldats s'arrêtèrent non loin du lieu où je me trouvais, pour se soulager et , pas pressés , discutèrent de plus belle.
Quand enfin ils partirent, j'étais au supplice, car le froid m'avait gagné et je claquais des dents... il fallut que j'attende encore qu'ils soient suffisamment éloignés pour sortir, dégoulinant de mon fossé et rentrer à l'écluse.
J'avais eu chaud, si je puis dire, et ma vie n'avait tenu qu'à un fil, le moindre bruit pouvant me trahir. Si j'avais été pris, la Gestapo ne m'aurait pas fait de cadeaux !
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"Etant allé voir "Daumier" à Montauban, je ne trouvai chez lui que sa femme et sa fille Suzanne, qui me dirent que quatre agents de la gendarmerie allemande étaient venus et avaient demandé Mr Daumier; elles leurs avaient répondu qu'ils se trompaient et qu'ici c'était chez Mr Guiral (son vrai nom).
Après les avoir interrogées pendant une heure, ils leur répondirent qu'ils étaient surs que Daumier vivait ici, était un terroriste , cachait un dépôt d'armes, et qu'ils reviendraient.
Je leur conseillai de partir immédiatement avec le strict minimum et dit que je me chargeai de faire prévenir Daumier.
Mais il y avait des documents, que ces deux femmes courageuses prirent le temps de faire disparaître pour ne pas compromettre certains de leurs amis,résistants (cette perte de temps leur fut fatale) et des armes, qui avaient été parachutées et qu'il fallait évacuer de toute urgence.

Très vite, nous avons chargé sur nos vélos les sacs à provision remplis de Colts et de munitions et séparément avons roulé vers ma maison de Verlhaguet.
Arrivé sur le Pont Vieux, je mets pieds à terre pour traverser et vois un officier allemand qui vient vers moi, sur le même trottoir; le pont est quasi désert et je ne peux qu'avancer.
Arrivé à ma hauteur, il m'interpelle " Monsieur, je ne connais pas bien la ville et je cherche la gare".
Je lui dit qu'il doit faire demi tour car il va en sens inverse de sa destination. Et nous voilà marchant de conserve et bien sûr il me demande " que portez vous donc dans ce sac, cela parait bien lourd ! "

En effet le sac est lourd et les coutures mises à rude épreuve; je tremble à l'idée que le canon d'un colt puisse passer à travers le tissu.
Voyant ma mine gênée, il insiste; je lui réponds: ce sont des patates-
il me dit:" je ne comprends pas"; je lui explique que c'est comme ça qu'on appelle les pommes de terre.
Il hoche la tête et me dit: "marché noir! hein! bon, je n'ai rien vu pour cette fois, mais attention, qu'on ne vous y reprenne plus!"
J'ai les jambes qui flageolent.

Nous nous séparons et je roule jusqu'à Verlhaguet où en équilibre sur une caisse à moitié vermoulue, je colmate les trous de mon grenier avec armes et munitions, reclouant des planches par dessus.

Hélas, mon amie Suzanne et sa mère, Henriette, seront peu de temps après arrêtées par le chef de la Gestapo de Montauban, Stotz, et envoyées au camp de concentration de Ravensbrück, d'où seule Suzanne reviendra, à la Libération.

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Dès l'arrestation de Suzanne et Henriette Guiral, "Mickey" prévient immédiatement Paul Guiral ("Daumier") ainsi que de nombreux camarades qui pouvaient être mis en péril; simultanement il envoie Emile Caussanel, (mon grand-père, qui travaillait comme agent de liaison) prévenir la famille Guiral.

Georges Guiral, neveu de Paul, s'empresse de déménager quelques papiers compromettants qui restaient encore dans la maison de"Daumier"; Emile Caussanel emportera chez lui certaines affaires qu'il gardera jusqu'à la Libération.

( "Daumier" fut dénoncé à la Gestapo par le milicien Boissoneau qui fut fusillé à la libération).

à lire: "44.694.F de Saint Michel à Ravensbrück ", livre de Suzanne Guiral, fille de "Daumier"qui relate son arrestation et son terrible séjour dans le camp de concentration de Ravensbrück.

( Il doit être possible de trouver cet ouvrage sur Internet, dans les ventes de livres d'occasion).
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Ayant appris au commissariat spécial qu'une colonne de SS et de sbires de la Gestapo partaient pour arrêter un des chefs de l'Armée Secrète, le Dr AUJALEU qui habitait du côté de Nègrepelisse et pour mener une attaque contre les maquis vers St Antonin , nous partons à moto avec un camarade et fonçons en utilisant des raccourcis pour prendre les boches de vitesse.

. Nous arrivons au crépuscule et frappons à la porte; on tarde à nous ouvrir, nous insistons. La porte s'ouvre, je me fais connaître et nous entrons.
Je dis à la famille de partir immédiatement, que les allemands sont en route, qu'il n'y a pas une minute à perdre et qu'il faut prévenir les maquis. Cette famille prépare quelques affaires dans la précipitation et quitte les lieux.

Nous ne nous attardons pas et repartons immédiatement, heureux d'avoir sauvé cette famille de patriotes de l'arrestation et certainement de la déportation ou de la mort, ainsi que des camarades maquisards.

Nous avons su que, très peu de temps après, les allemands furieux avaient investi la maison.

Au retour il fait nuit et à cause du couvre feu nous n'avons pas de lumière. A 80 à l'heure, nous loupons un virage et rentrons dans le mur d'une ferme. Nous nous en sortons avec quelques égratignures; nous aurions pu nous tuer!

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Etant installé à l'étage de l'écluse de Verlhaguet, que ma grand-mère Joséphine gère en tant qu'éclusière, j'entends frapper violemment à la porte. Joséphine va ouvrir et immédiatement, deux soldats allemands essaient de la bousculer pour rentrer; elle leur dit: "mais vous ne pouvez pas entrer comme ça" et eux de lui répondre: "Ici, "terrorist", laissez nous entrer!...".Je me dis : "ça y est, c'est pour moi !" et descends calmement les escalier: "Ne bougez plus, vous "terrorist", ici, poste émetteur" me disent-ils. Je comprends immédiatement, il s'agit de mon poste à galène qui a besoin d'une antenne très longue, (fil de cuivre fixé à un arbre et qui rejoint la maison). Je leur explique la chose avec précaution car ils sont menaçants et leur montre le poste qui est très rudimentaire et n'a rien à voir avec un poste émetteur. Ils acquiescent et me disent de démonter immédiatement cette antenne et de ne plus me servir de mon poste: "interdit", puis ils quittent les lieux.

J'ai eu chaud et ma grand mère en tremble. Nous nous remettons peu à peu de nos émotions.

Texte et photos ©Serge Caussanel
Maison de Georges Caussanel

Quelques jours après la libération de Montauban, Paul Guiral voit sur un panneau de la préfecture une grande affiche du maréchal Pétain qui n'avait pas été enlevée; il se met alors à hurler "vous avez oser laisser ce torchon !..enlevez ça immédiatement" puis il sort son pistolet et vide un demi chargeur sur le panneau.

L'affiche fut, croyez-moi, enlevée avec une célérité inégalée. (histoire issue de ma mémoire et confirmée par Mr Georges Guiral)

UN PEU D'HUMOUR

Churchill

Hitler, Mussolini et Churchill sont réunis et assis à la même table et boivent du thé, à côté d’un bassin où nagent des carpes.
Tout à coup Hitler se lève et dit aux deux autres : « je propose ceci : il y a 3 carpes dans ce bassin ; celui qui les attrape gagne la guerre, et immédiatement, il sort son révolver et vide le chargeur sur les 3 carpes. La trajectoire des balles est déviée par l’eau et il n’en touche aucune.
Furieux, il dit à Mussolini : « A toi Musso, plonge… ».
Mussolini hésitant, Hitler le pousse violemment.
Mussolini pataugeant, essaie d’attraper les carpes avec ses mains…mais elles glissent et il n’en attrape aucune.
Penaud, il sort du bassin, ruisselant, sous l’œil furibond d’Hitler.
Ils se retournent et ils voient Churchill qui avec sa cuillère à thé, prend l’eau du bassin et la vide sur la pelouse.
Hitler éclate de rire et lui dit : « qu’est-ce que tu fais, Churchill, tu es fou, tu ne comptes pas vider le bassin avec ta cuillère à thé » ! et Churchill lui répond : « nous y mettrons le temps, mais nous gagnerons la guerre » !

Churchill

Le chant des partisans
Ce disque a été enregistré directement sur un gramophone à aiguille, ce qui donne une idée de l'écoute de cette époque; il appartenait à mon père et enfant,  je l'écoutait souvent sur le gramophone de mes grands- parents.

  • Le chant des partisans
  • Le chant des partisans
Insignes FFL et FFI
Matraque de la gestapo

Georges Caussanel, avait conservé cette matraque, tachée du sang de patriotes, dont les séides de la Gestapo de la rue du Moustier se servaient pour frapper ceux qu'ils arrêtaient. Elle avait vraisemblablement été cassée par la violence des coups.
Elle avait été subtilisée au siège de la Gestapo de Montauban et gardée comme une relique en mémoire de tous ceux qui avaient subi la barbarie et la torture dans ces locaux, dont certains amis et connaissances de mon père.





































Poste à galène

Poste à galène

Poste à galène

Ecluse de Verlhaguet

Ecluse de Verlhaguet

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